« C’est notre corps, c’est notre droit, très bien, mais pensez aussi à la douleur psychologique que ça peut être et mettez nous en place des soutiens psychologiques post-IVG. L’entretien avec la psychologue a été quasiment inexistant. Quand je suis arrivé, je lui ai dit : « je suis perdue, je ne sais pas ce que je veux faire. Pour moi, si malgré la pilule ce bébé est là, c’est qu’il y a bien une raison. J’ai 28 ans, j’ai un travail, j’ai toutes les raisons au monde pour le garder ».
« On ne peut pas vous dire, vous auriez dû vous renseigner sur le site de la sécu avant »
« Ecoutez, je suis perdue, je ne sais pas quoi faire, je n’ai pas pensé à regarder. Je pensais que vous pourriez m’apporter ces informations. »
« On est là simplement pour vous aiguiller, pour avoir un entretien préalable avant que vous rencontriez la gynécologue »
Suite à cela, j’ai été voir la gynécologue qui a été très froide. Pour elle, c’était vraiment du travail à la chaîne. « Vous avez déjà fait votre échographie, ce n’est pas la peine d’en refaire. Vous en êtes à sept semaines et demi, on prend RDV dans une semaine ».
J’étais mal entourée, j’avais une seule amie qui habitait en Belgique et qui était prête à me soutenir à tous les niveaux et à m’accueillir. Malheureusement, c’est la seule personne que j’aurais du écouter, ce que je n’ai pas fait. Tous les autres m’ont poussé à avorter.
Ce que j’ai pu remarquer chez les jeunes filles que j’ai au téléphone ou même dans ma propre expérience, c’est que l’on nous dit quoi faire. On ne nous dit pas juste, « je suis là si tu as besoin de parler » ou « je suis une épaule sur laquelle tu peux te reposer ».
J’ai mis jusqu’à la date de l’accouchement présumé pour m’en sortir parce que c’était infernal : dès que je voyais une femme enceinte, je pleurais. Je ne pouvais pas prendre un bébé alors que toutes mes amies sont mamans. J’ai voulu en parler, on m’a dit que c’était pas la peine. J’ai essayé de garder la tête haute et de sourire pendant deux mois mais au bout de deux mois je me suis littéralement effondrée, j’ai sombré complètement et là je n’ai eu plus personne.
Pour moi c’était une association anti-IVG, j’avais très peur de les contacter parce que j’avais honte de ce que j’avais fait donc j’avais peur de me faire juger. J’ai mis beaucoup de temps à les contacter. Mais dès le moment ou je me suis décidée, j’ai eu un soutien incroyable. Je me suis sentie enfin écoutée et comprise. Et cela pas forcément pas des femmes qui avait subit une IVG mais par toute cette association. J’ai participé à un groupe de parole où j’ai rencontré deux amies et c’est là que l’on s’est rendues compte que l’on était pas toutes seules et que l’on était toutes face à un silence. Personne ne veut se rendre compte que ce n’est pas un acte anodin et qu’effectivement ça fait mal et ça casse quelque chose en nous. Après, j’ai petit à petit décidé de me battre en répondant à votre interview, en aidant d’autres jeunes filles que peut m’envoyer le site, en leur expliquant mon expérience. Pas forcément en leur disant de le faire ou de ne pas le faire, juste leur expliquer ce qui les attend vraiment, essayer de faire le travail que notre entourage ne fait pas forcément et leur montrer qu’elles ne sont pas toutes seules. »
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